17-07-2009
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De gauche à droite : Marc Delfau, Abdelah Aboularjan, Aziz Senni, et Daouda Diop, les piliers de Jeunes entrepreneurs du Mantois. |
Pour donner aux jeunes l’envie de se battre, et de s’en sortir en créant leurs entreprises, trois jeunes patrons, Aziz Senni, Abdellah Aboulharjan et Marc Delfau ont décidé de fonder l’association des Jeunes entrepreneurs du Mantois (J.E.M.). Samedi, le premier Carrefour Initiatives Jeunes du Mantois se tenait à l’Agora à Mantes-la-Jolie, un véritable forum pour l’orientation des jeunes porteurs de projets.
“Les jeunes arrivent avec des bribes d’idées... Sur deux allées du forum les jeunes porteurs de projets peuvent recevoir des conseils, discuter de leur projet, avec la boutique de gestion Athéna, le comité d’expansion économique ou avec Jeunes entrepreneurs du Mantois...” “En fait, nous servons de gare de triage aujourd’hui”, sourit Aziz Senni, président de Jeunes entrepreneurs du Mantois.
La réalisation de ce carrefour, c’est un peu son “bébé” aussi, au moins en ce qu’il veut démontrer depuis bientôt trois ans, et qui a fait florès dans cette banlieue “maudite” : être jeune sans le sou à Mantes-la-Jolie n’empêche pas de pouvoir créer son business et de voler de ses propres ailes. Aziz Senni préside depuis quelque temps une structure réunissant ceux qui ont au Val-Fourré une expérience de conduite de projet similaire à la sienne.
Le “GIR bis” du Val-Fourré
Jeunes entrepreneurs du Mantois qui est un peu le GIR bis du quartier du Val-Fourré (GIR : le groupement du patronal local appartient au M.E.D.E.F.), à la nuance près qu’il n’a vocation à regrouper que de jeunes patrons débutants, se soucie de l’accompagnement des porteurs de projets locaux.
Jeunes entrepreneurs du Mantois coexiste avec toutes les structures d’aide à la création d’entreprise, “notre valeur ajoutée c’est la relation jeune à jeune... nous avons une légitimité à tenir un discours avec le public des quartiers, que n’a peut-être pas le G.I.R.”, explique Aziz Senni. En projet, après le Carrefour Initiative jeunes, l’organisation de soirée d’experts sur la création d’entreprise sous forme thématique. Financée par la Communauté d’agglomération de Mantes-en-Yvelines à hauteur de 70 000 euros en prévisionnel 2003, et par la MACIF, l’association Jeunes entrepreneurs du Mantois salarie un directeur, Abdel Zitouni, chargé de créer et d’animer un réseau d’entrepreneurs.
“Défier les lois de la gravité sociale”, c’est son truc à Aziz Senni, il en a fait un marketing qui lui a bien réussi jusque-là, autour de sa société A.T.A. de transport collectif. “Le but est d’inciter des jeunes à passer à l’action. On peut se bouger efficacement quand on connaît les structures qui sont les leviers à la création d’une SARL. Le message que je laisserais aujourd’hui, c’est que d’autres jeunes sont passés par là. Avec Jeunes entrepreneurs du Mantois nous voulons transmettre une expérience... D’autres l’ont fait pourquoi pas toi ?”.
“D’autres l’ont fait, pourquoi pas toi ?”
L’organisation Défi-jeunes - premier dispositif national d’aide à la création de projet - a apporté son savoir-faire et a combiné toute la logistique nécessaire à la réalisation de l’ événement réunissant plus de trente partenaires de l’action économique et associative locale et nationale (Agence pour le droit à l’initiative économique, Chambre des métiers, Comité d’expansion économique du Mantois, Fondation Auchan pour la jeunesse, Fondation RATP, Fondation Vinci, Fondation France-Telecom, Jeunes porteurs de projets, Conseil départemental de la jeunesse, Programme européen jeunesse, entre autres).
Le Défi-Jeunes a reçu l’appui local de la Communauté d’agglomération de Mantes-en-Yvelines, de l’association Jeunes entrepreneurs du Mantois, du Ministère de la jeunesse et de la Direction départementale de la Jeunesse et des sports.
Toute la journée, de jeunes créateurs et des professionnels ont distribué leurs conseils aux jeunes porteurs de projet dans les différents espaces du forum. Les jeunes porteurs de projets et jeunes entrepreneurs ont échangé au cœur de débats animés par la radio locale Radio Droit de Cité (95.5 FM).
Savoir s’orienter du projet à la concrétisation du projet, des ateliers thématiques renseignaient encore : projet sportif, projet musical, action de solidarité.
Toute la journée des démonstrations artistiques animaient les alentours du forum, à l’intérieur démo de RAP et à l’extérieur près du bus internet, la réalisation d’un grand graff assuraient la vitrine “culture jeune” made in banlieue.
Après avoir été serveur chez Mac Do, employé dans une grande surface de la région, et reporter bénévole sur son temps libre à la radio locale R.D.C., Daouda s’est décidé à se lancer dans la création d’une société de service à la personne.
Avec trois salariés prévus, l’activité de Kangourou entreprise se tournera dans un premier temps vers le service aux professionnels de santé qui travaillent au Val-Fourré. Daouda propose un accompagnement des médecins (accompagnement véhiculé ou non), de leur cabinet au domicile de leur patient, de nuit comme de jour, un service facturé 5 euros (la prise en charge est assumée à moitié par le conseil général et les mairies).
“Depuis l’âge de 17 ans, j’avais envie de monter ma propre société. Mon premier projet, c’était de monter une boîte de nuit au Val-Fourré. J’ai vite compris que cela nécessitait des investissements lourds. J’ai laissé de côté cette idée pour un projet plus simple à réaliser”, raconte Daouda. A l’écouter, on comprend que son projet ne s’arrêtera pas là, ménage à domicile, baby-sitting, Daouda a d’autres idées de développement. “Si j’étais pas black, j’aurais volontiers fait de la politique !”, lance-t-il en forme de boutade qui n’en est pas une. “Je pense qu’il faudra attendre un peu, j’ai comme le sentiment que notre pays n’est pas prêt pour cela !”.
Guidé par Jeunes entrepreneurs du Mantois, par la boutique de gestion Athéna, et le Comité d’expansion économique, Daouda se souvient que les barrières psychologiques ont vite sauté les unes après les autres, lorsqu’il a rencontré “les bonnes personnes”. “Le plus surprenant pour moi, cela a été la réaction de la banque qui ne s’est pas opposée au prêt de 15 000 euros qui finance mes véhicules... Je bénéficie aussi d’offres de la fondation Coca-cola et de la MACIF à hauteur de 6000 euros”. Daouda souhaite maintenant se former à la gestion d’entreprise, via une formation dispensée par le cabinet d’aide à la création d’entreprise “Osmose”, financée par le Comité d’expansion économique du Mantois.
“Pour tous les jeunes créateurs, il existe des facilités énormes qu’on n’imagine pas avant... Il y a toujours des gens pour nous conseiller”, conclut-il enthousiaste. Son entreprise Kangourou entreprise est enregistrée officiellement ce mois-ci. Il est sélectionné pour le Défi-Jeunes 2002.
